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The Want Machine, 2021

Ainsi va la vie, 2021
4 cyanotypes recto/verso sur coton

Ndox / Braille, 2021
Tissage mandjak sur métier traditionnel en voie de disparition chez l’Atelier Tësss, Saint-Louis

Riu del or, 2021
Feuille d’or, in-situ, Art-o-rama, Marseille

Nothing is finished, 2021
‘langues-vivantes’, français, peul, wolof, cyanotype sur coton

 


© Photo : Margot Montigny

À Saint-Louis tout commence avec l’eau : l’Atlantique et la rivière Sénégal ont façonné cette terre ; de l’empire du Djolof au royaume du Fouta-Toro et du port colonial prospère au quotidien de ses pêcheurs et agriculteurs. Le fleuve Sénégal, appelé « la rivière d’or » par les marchands trans-sahariens du Moyen âge et ainsi marqué sur les premières cartes arabes et européennes qui le dessinent, continue de refaçonner le paysage autour. Sur les images satellites on voit des ronds de verdure éclatantes nourris par les eaux du fleuve sortir des sables rouges du Sahara. Floraisons magiques, hallucinogènes. Du maïs et des tomates cerises qui poussent dans le désert. Visions de notre désir, notre besoin, notre « vouloir ». La Langue de Barbarie, barre de sable de trente kilomètres de long, protège les eaux douces et terres fertiles de l’océan Atlantique – ou plutôt protégeait. En 2003 un chenal, de trois mètres de large, fut coupé dans la Langue pour encourager les crues saisonnières de la rivière à partir plus vite. Entre les vagues de l’Atlantique et l’eau de la rivière, ce chenal devient vite une brèche de six kilomètres de large. Des terrains et des villages sont engloutis par les flots, les pirogues et leurs pêcheurs noyés par les nouveaux courants. Mais lors de cette catastrophe « naturelle » l’eau – et les quatre-vingt mille tonnes de sable saharien charrié vers le large par la rivière chaque année, sont, tout doucement, en train de guérir cette blessure créée par l’homme. La brèche ne s’agrandit plus. Elle bouge – elle migre vers le sud, vers la pointe de la Langue, là où la rivière sortait avant que les humains l’aient forcée de sortir autre part… L’animisme est un élément qui coule sous le quotidien de cette région et pénètre dans toute l’histoire de ce pays. Il prône la volonté et l’âme des « choses » : l’océan, les rivières, les grains de sable, les animaux, les plantes, mais aussi les œuvres et les mots ont leur propre dessein. En ce qui concerne les mots, leur volonté ne réside ni dans la personne qui les transmet, ni dans celle qui les reçoit, mais quelque part entre les deux – pour « orpailler » un texte et révéler son âme, il faut que les gens et les langues par lesquels il passe deviennent les batées qui laisseront quelque chose de précieux se déposer dans les creux des syllabes. The Want Machine explore la valeur (de l’or, d’un litre d’eau, d’un grain de sable, d’une tomate cerise en hiver, d’un être humain) : les œuvres s’inspirent des pagnes-monnaies (ancienne devise de l’Afrique de l’ouest) et de l’eau (d’après bon nombre d’experts, future devise du monde entier), mais aussi d’une tension révélatrice entre croyances – entre l’animisme et l’argent (car la valeur qu’on attache à des rectangles de papier imprimés d’icônes et de chiffres est, avant tout, une croyance). Peut-être que l’animisme, cette idée primordiale que nous, les humains, ne sommes pas la seule chose qui imprègne ce monde de sens et d’intention, pourrait nous aider à repenser nos rapports avec – et nos demandes sur – le monde et ses ressources.

Ces cyanotypes sont des photogrammes uniques créés – sans appareil photo ni produit chimique de chambre noire – par le soleil et l’eau. Contrairement à toute autre image photographique les cyanotypes sont capables de se « guérir » – si leur bleus passent il suffit de les mettre à l’abri de la lumière pour que leurs bleus d’origine reviennent.

In Saint Louis, everything begins with water: the Atlantic and the Senegal River have shaped this land; from the Djolof empire to the kingdom of Fouta-Toro, from the prosperous colonial port to the daily life of its fishermen and farmers. The Senegal River, known to the trans-Saharan merchants of the Middle Ages as “the river of gold” and marked as such on the first Arabic and European maps, continues to reshape the surrounding landscape. On satellite images, circles of dazzling greenery nourished by the river’s waters emerge from the red sands of the Sahara. Magical, hallucinogenic blooms. Sweetcorn and cherry tomatoes grow in the desert. Visions of our desire, our need, our want. The ‘Langue de Barbarie’, a thirty-kilometre-long sand-bar, protects the fresh-water and fertile soils from the Atlantic Ocean – or rather, protected. In 2003 a channel, three meters wide, was cut through the Langue to encourage the Senegal’s seasonal floods to drain away more quickly. This artificial channel was swiftly eroded by the Atlantic waves and the river water. Within a matter of years it was six kilometres wide. Fields and villages were swallowed up by the waves, boats were sunk and fishermen drowned by the new currents. But as this ‘natural’ disaster unfolded, water – and the eighty thousand tons of Saharan sand carried out to sea by the river each year – was slowly healing this man-made wound. The breach no longer widens. In spite of man’s best – and worst – efforts, it’s moving; migrating south towards the end of the Langue, where the mouth of the river always used to be… Animism underpins daily life in this region and permeates the history of the whole country. It posits the will and soul of ‘things’: oceans, rivers, sand, animals, plants, but also works of art and even words have their own desires. The will of these words resides neither in the person who transmits them, nor in the one who receives them, but somewhere in-between – in order to reveal the soul of a text, the people and languages through which it passes must shake and sift it, as if panning for gold, allowing something precious to settle in its syllables. The Want Machine explores the notion of value (of gold, of a litre of water, of a grain of sand, of a cherry tomato in winter, of a human being): the works are inspired by ‘pagne-monnaie’ (‘cloth-money’, an old currency of west Africa) and water (for many experts the future currency of the whole world), but also by a telling friction between two beliefs – animism and money (lest we forget, the value we ascribe to pieces of paper printed with icons and numbers is, above all, a belief). Perhaps animism, this primordial idea that we humans are not the only thing that imbues this world with meaning and intention, could help us rethink our relationships with – and the demands we place upon – the world and its resources.

These cyanotypes are unique photograms created, without camera or dark room chemicals, using sun and water. Unlike any other photographic image cyanotypes are capable of ‘healing’ – if their blues fade, they can be stored away from UV light and their original colours return.

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